Chamanisme

Le chamanisme est l'une des pratiques spirituelles les plus anciennes au monde, remontant à l'ère paléolithique (dès 30 000 av. J.-C.), et se retrouve dans diverses cultures, notamment parmi les sociétés de chasseurs-cueilleurs en Sibérie, Asie centrale, Amériques, Australie, et certaines parties d'Afrique et d'Océanie. Le terme "chaman" provient du mot toungouse šaman en Sibérie, désignant un praticien spirituel qui agit comme intermédiaire entre le monde humain et le royaume des esprits.

Au cœur du chamanisme, il ne s'agit pas d'une religion unifiée mais d'un ensemble de croyances et de techniques centrées sur l'atteinte d'états de conscience modifiés (souvent appelés "extase" ou "transe") pour interagir avec des esprits, des ancêtres ou d'autres réalités non ordinaires.

Les chamans sont généralement, mais pas toujours, appelés à leur rôle par une crise personnelle, comme une maladie, une vision ou une épreuve initiatique, plutôt que par une formation formelle. Leurs pratiques répondent aux besoins pratiques de la communauté, mettant l'accent sur l'animisme, la croyance que tous les éléments du monde naturel (animaux, plantes, rivières, pierres) possèdent des esprits ou des âmes.

les composantes clés :

  • États de conscience modifiés : Induits par le tambour, les hochets, les chants, le jeûne, la danse ou les enthéogènes (plantes psychédéliques comme l'ayahuasca ou le peyote). Cela permet au chaman de "voyager" dans les mondes supérieur, inférieur ou intermédiaire.

  • Guérison : Les chamans diagnostiquent et traitent les maladies (physiques, émotionnelles ou spirituelles) en récupérant des parties d'âme perdues, en extrayant des énergies intrusives ou en négociant avec des esprits. La maladie est souvent vue comme une perte d'âme, une violation de tabou ou une attaque spirituelle.

  • Divination et guidance : Consultation des esprits pour des prophéties, retrouver des objets perdus ou conseiller sur la chasse ou les guerres.

  • Vol de l'âme et rôle de psychopompe : Accompagner les âmes des morts vers l'au-delà ou récupérer les âmes des vivants.

  • Animaux de pouvoir/aides spirituelles : Les chamans s'allient à des guides spirituels (comme des totems animaux) pour la protection et la sagesse.

  • Rôle communautaire : Les chamans sont à la fois vénérés et craints, car ils peuvent guérir ou nuire. Les pratiques varient selon les cultures, par exemple, les chamans sibériens utilisent des costumes et des tambours, ceux d'Amazonie privilégient les plantes médicinales, mais partagent une vision du monde interconnectant les royaumes spirituel et matériel.

Le chamanisme a persisté dans les sociétés traditionels mais a décliné sous l'effet du colonialisme et de la modernisation, bien que des renaissances se produisent aujourd'hui.

Néo-chamanisme

Le néo-chamanisme est apparu au milieu du XXe siècle comme une adaptation occidentale moderne des éléments chamaniques, principalement dans le cadre de la spiritualité New Age.

Il a gagné en popularité dans les années 1960-1980, dans un contexte d'intérêt contre-culturel pour les psychédéliques, l'écologie et la sagesse indigène, influencé par des auteurs comme Carlos Castaneda.

Contrairement au chamanisme traditionnel, il n'est pas lié à des lignées indigènes spécifiques mais est une pratique syncrétique et individualiste, souvent apprise par des livres, des ateliers ou des retraites. Les praticiens adaptent leurs rituels pour la croissance personnelle, la thérapie ou la guérison environnementale dans des contextes séculiers et urbains.

Composantes clés :

  • Voyage et transe : Similaires aux méthodes traditionnelles, utilisant le tambour ou la méditation guidée (souvent sans enthéogènes) pour accéder à une guidance intérieure ou à des alliés spirituels.

  • Modalités de guérison : Axées sur la récupération d'âme, l'extraction d'énergie ou la récupération d'animaux de pouvoir, mais encadrées psychologiquement (par exemple, pour les traumatismes ou le stress) plutôt que communautairement.

  • Connexion à la nature : Rituels comme les quêtes de vision ou les huttes de sudation empruntés aux traditions amérindiennes, mettant l'accent sur l'écologie et l'auto-émancipation.

  • Commercialisation : Enseigné dans des cours payants, avec des outils comme des cristaux ou des huiles essentielles ; souvent performatif ou touristique (par exemple, retraites d'ayahuasca).

  • Préoccupations éthiques : Critiqué pour appropriation culturelle, car il commercialise des pratiques sacrées sans responsabilité communautaire ni contexte historique.

Le néo-chamanisme démocratise l'accès mais dilue la profondeur, considérant le chamanisme comme un ensemble d'outils universels plutôt qu'un rôle culturel.

En essence, le chamanisme traditionnel est une pratique communautaire de survie, tandis que le néo-chamanisme est un remix occidental flexible pour l'individualisme moderne — partageant des techniques extatiques mais divergeant en profondeur et en éthique.

Chamanisme de Base

Le chamanisme de base” (en anglais : Core-Shamanism), développé par l'anthropologue Michael Harner à la fin du XXe siècle, est un sous-ensemble spécifique du néo-chamanisme.

Il distille les éléments "universels, quasi-universels et communs" du chamanisme à travers les cultures, éliminant les spécificités culturelles pour créer un cadre accessible et aculturel pour les Occidentaux. Harner l'a décrit comme une "technologie de l'âge de pierre pour le XXIe siècle", mettant l'accent sur l'expérience directe plutôt que sur la croyance, utilisant des méthodes sans drogue comme le tambour répétitif pour induire des ondes cérébrales thêta pour le voyage.

Caractéristiques clés :

  • Méthodes principales : Voyage dans la réalité non ordinaire (mondes d’en haut, du milieu et d’en bas) via un rythme de tambour ou hochet ; recouvrement d'animaux de pouvoir ; recouvrement d'âme ; extraction.

  • Philosophie : Les esprits (ou Alliés) sont réels et compatissants ; le chamanisme est expérientiel, non dogmatique. Il évite les cérémonies appropriées des cultures traditionnelles (par exemple, des rites amérindiens) pour plutôt se concentrer sur les techniques de transe.

  • Formation : Enseigné à travers des stages par la “Foundation for Shamanic Studies” (FSS, fondée par Harner en 1979), rendant la pratique reproductible et éthique pour une utilisation non indigène.

  • En tant que type : Il fait le pont entre l'universalité du chamanisme traditionnel et l'adaptabilité du néo-chamanisme.. Ce n'est pas basé sur une croyance mais sur des recherches interculturelles, se positionnant comme une porte d'entrée neutre vers des traditions plus profondes.

Le chamanisme essentiels a formé des milliers de personnes, favorisant une renaissance mondiale tout en suscitant des débats sur l'authenticité.