Lecture : Focusing par Eugene Gendlin

Publié pour la première fois en 1978, Focusing d’Eugene Gendlin présente une technique puissante pour accéder à la sagesse innée du corps. Gendlin avait remarqué que les clients qui réussissaient en thérapie savaient, intuitivement, se connecter à une sensation corporelle subtile liée à leur problème. Il a ensuite condensé ce processus en une méthode en six étapes, accessible à tous, même hors du cadre thérapeutique.

Plus qu’un manuel, Focusing est aussi une philosophie : le corps porte un savoir préverbal, riche et nuancé—ce que Gendlin appelle le ressenti global. En prêtant attention à cette sensation, avec douceur et sans jugement, on accède à de nouvelles perspectives, on apaise des conflits intérieurs, et on avance vers plus de cohérence.

Le ton du livre est chaleureux et encourageant. Grâce à ses anecdotes, à ses éclairages théoriques et à ses instructions claires, Gendlin rend cette pratique à la fois simple et profonde—un vrai pont entre la pensée et l’expérience incarnée.

Le corps comme pont entre l’âme et la matière

D’un point de vue spirituel (et chamanique), Focusing propose une vision radicale du corps : non pas comme une simple machine, mais comme un interface vivant où l’intangible (l’âme, l’esprit, la vie intérieure) rencontre le tangible (la matière, le monde physique). Le ressenti global en est la clé : une sensation qui dépasse la biologie et révèle une intelligence profonde.

Ainsi, le corps ne subit pas la vie : il y participe activement. Il porte des mémoires, des émotions, des potentiels. Une tension dans la poitrine face à une décision, par exemple, n’est pas qu’un symptôme—c’est peut-être l’âme qui s’exprime à travers la chair. Le corps devient alors ce lieu d’union entre esprit et matière, une manière de donner forme concrète à l’intuition.

Sur le plan philosophique, Gendlin propose de voir la vie comme une interaction constante entre notre intériorité et le monde extérieur—le corps étant la frontière vivante de cette rencontre.

Focusing et Travail de l’Ombre

Focusing et le travail de l’ombre s’enrichissent mutuellement. Tous deux visent à rendre conscients les aspects refoulés ou oubliés du soi, pour les intégrer et guérir.

Le travail de l’ombre explore l’inconscient : les émotions réprimées, les parts jugées inacceptables (colère, honte, égoïsme…), ou les blessures non résolues. Il ne s’agit pas de les supprimer, mais d’en récupérer l’énergie par l’intégration. Cela passe par l’introspection, le rêve, les voyages chamaniques… et aujourd’hui, le Focusing.

Le ressenti global émerge souvent du même territoire que l’ombre. Une tension vague dans le ventre peut contenir une peur, une colère, une peine. Les deux approches insistent sur une attitude douce et curieuse envers ces sensations intérieures, avec confiance dans la sagesse qu’elles recèlent.

J’ai commencé à intégrer le Focusing dans mes protocoles de travail de l’ombre, et j’enseignerai cette méthode lors de mon prochain atelier « Incarnation » en juillet.